Question: au début de Divergent, il y a une scène dans laquelle Tris fait un saut dans un abysse inconnue et c’était vraiment excitant et effrayant à lire car c’est un endroit dangereux. Qu’est-ce que cela fait d’inventer ces personnages et les mettre dans ces situations effrayantes ?
Réponse : Ils ont vraiment beaucoup de problèmes dans mes livres, mais je pense que quand j’ai commencé je n’avais pas prévu d’être aussi attachée à eux et bien sûr cela n’a pas manifestement pas marché. Car dès le second livre j’étais aussi attachée qu’il est normal de l’être pour un auteur qui aime ses personnages et qui veut que de bonnes choses leur arrive. Mais d’un autre côté, si vous ne prenez pas assez de risques et qu’il n’y a aucun conflit et aucun danger, alors le monde dystopique que vous avez créé n’est pas très dystopique. C’est pourquoi beaucoup de gens meurent… Alerte spoiler.
Question : Comment laissez-vous mourir un personnage, est-ce que c’est une décision émotionnelle ?
Réponse : N-Non… ? Je sais que cela semble terrible à dire, mais je pense que quand je réalise qu’un personnage doit mourir, je l’accepte à peu près comme étant une partie de leur histoire et je sais que cela leur donne au moins un moment fort sur le papier. Ou bien ça devrait être fort ou bien ce n’est pas la peine de l’écrire. En ce sens, je suis assez contente de ça car je sais qu’ils ont en quelque sorte rempli leur tâche.
Question : Est-ce que vous voulez parler des endroits dans lesquels se passent les romans ?
Réponse : Je n’avais pas vraiment anticipé Chicago, je pense que j’ai écrit les premières versions dans un milieu urbain assez général avec beaucoup de trains et puis j’ai senti que quelque chose n’allait pas juste parce que ça se passait déjà à Chicago je pense et que j’avais juste décidé de ne pas le nommer et que je devais le faire, quand j’ai revu le premier livre j’ai retravaillé pour incorporer de plus en plus de Chicago. Cela vous fait vous sentir comme un touriste, j’ai vécu à Chicago presque toute ma vie et j’ai dû faire un tour en bateau pour l’architecture et regarder sur google maps et je me suis dit ‘C’est terrible, je devrais savoir où sont tous ces endroits ! » mais ce n’est pas toujours comme ça que ça marche. Donc cela m’a permis de tomber amoureuse avec cet endroit d’une nouvelle manière.
Question : vous avez fait des nouvelles en ebook ce qui est intéressant. Pouvez-vous parler de la décision d’en faire ?
Réponse : J’ai écrit une nouvelle du point de vue de l’amoureux, enfin « l’amoureux », Quatre. J’ai choisi Quatre car je savais qu’il était quelqu’un à propos de qui les gens voulaient en lire plus de son point de vue ou bien juste entendre sa voix. J’étais assez intéressée par le fait d’entendre sa voix et à quoi il ressemblait car c’était vraiment différent de ce que je pensais. Mais ce que j’ai découvert est qu’il est difficile d’écrire une scène du point de vue d’un autre personnage car j’ai dû lire et relire la scène originale encore et encore et encore et encore pour être sûre que chaque détail correspondait et que cela rentrait bien dans la narration, sans problème de continuité. C’était seulement 13 pages mais cela m’a pris un très long moment. Il est vraiment difficile de rendre les choses profondes. Spécialement un an après que vous ayez écrit le premier.
Question : dans tous vos livres, il y a beaucoup de références aux contes de fées et les classiques et les mythes. Combien de ces classiques aviez-vous à l’esprit en écrivant ? Est-ce que vous tombez dessus tout en écrivant ? Comment les intégrez-vous ?
Réponse : Je pense que c’est intéressant que vous abordiez la science-fiction fantastique, cela rend la chose plus facile. Car la science-fiction et le fantastique sont naturellement des exagérations d’idées que tu trouves, tu sais, laver la vaisselle, faire des siestes, prendre une douche. Et donc j’imagine que pour moi ce qui se passe est que pour chaque roman sur le passage à l’âge adulte, il va y avoir un personnage qui rejette totalement le système parental, quel qu’il soit. Et je veux dire, Divergent est comme une énorme exagération de cela. C’est comme ça, je ne quitte pas seulement mes parents mais je quitte tout ce en quoi ils croyaient et la personne qu’ils m’ont dit d’être et je vais rejoindre ces nouvelles personnes et essayer de m’intégrer parmi eux. Et je pense que cette tendance naturelle vers l’exagération est quelque chose qui m’attire quand je lis et quand j’écris de la science-fiction et du fantastique en particulier.
Question : nous sommes dans une sorte d’âge d’or du fantastique et du surnaturel et je me demandais ce que vous pensiez de cela et si vous étiez d’accord avec cela.
Réponse : Je pense effectivement qu’il y a une sorte de grande acceptation culturelle sur le fait d’être fan de ces choses dont Le Trône de Fer est le meilleur exemple. Je veux dire c’est les dragons, les royaumes fantastiques, c’est un peu ringard, okay ? Soyons réalistes. Mais si vous le regardez maintenant, si vous ne le regardez pas vous devez commencer, maintenant. Et ce n’est pas seulement Le Trône de Fer, c’est Harry Potter, c’est Twilight, c’est… Hunger Games. Cela devient une part importante de la conscience culturelle et ce n’est plus seulement pour les « ringards »… ce qui me rend… un peu triste (rires) mais ça va.
Question : vous devez créer un monde incroyablement détaillé et je me demandais, comment arrivez-vous à maintenir tout ça ? Avez-vous un fichier dans votre ordinateur que vous ouvrez en disant « ah oui » pour vous rappeler de certaines choses ou comment est-ce que vous faites ?
Réponse : je devrais tenir un fichier. Je ne le fais pas… De temps en temps ça me cause des soucis. Quelqu’un d’autre ? Je ne sais pas comment vous écrivez plus d’une chose à la fois. C’est juste que c’est mon monde (fais un geste de la main vers son livre Divergent), je vis seulement à cet endroit. Je ne peux pas… je ne peux pas le quitter, pas tant qu’il ne sera pas fini donc, voilà.
Question : est-ce que vous allez faire une pause, après vos séries ? Ou allez-vous… ? Parce que c’est « là où vous vivez » ou avez-vous déjà avancé vers ailleurs ?
Réponse : non je n’ai pas bougé. Je suis toujours là. Désolée tout le monde. Huum je pense que ce serait plus marrant de jouer un peu pour un temps. Oui. Je ne sais pas ce que je peux dire d’autre… On verra ! Je n’ai pas encore fini.
Question : est-ce que vous auriez des conseils pour quand on est coincé en écrivant ? Pour tout le monde.
Réponse : J’aime ce que vous avez dit à propos de cette voix critique qui surpasse la voix créative (à Lauren Oliver) car quand j’ai un blocage d’écrivain c’est toujours pour cela. Et je pense qu’il est important de créer, créer activement, un espace protégé pour soi, dans votre esprit, ce qui est un peu bizarre à dire. Mais comme vous disiez plus tôt, créer un nouveau document pour vous lâcher. Il n’y a aucune raison qu’il soit utile, mais en fait il l’est. Vous pouvez faire des erreurs sur ce document mais en un sens vous avez l’impression que c’est plus facile si c’est séparé et que vous pouvez tout effacer d’un coup. Donc c’est une façon que vous fassiez cela. Moi, je m’assis souvent un peu « ok, ça va être aussi mauvais que possible, mauvaiiiiiis et fort et horrible, juste terrible ». C’est un peu le but d’aujourd’hui et je pense que cela aide beaucoup.
Question : Quelle part de l’histoire aviez-vous préparé à l’avance quand vous avez commencé ? Combien saviez-vous déjà, quand vous avez commencé, et combien avez-vous rempli au fur et à mesure que vous écriviez ?
Réponse : je pense qu’il y a 2 catégories. Ceux qui écrivent au fur et à mesure, et ceux qui planifient. Je pense que la plupart des gens sont entre ces deux catégories, mais j’ai fait un virage à 360° quand j’ai commencé à écrire sans planifier et ensuite j’ai réalisé que cela ne fonctionne pas du tout pour moi et j’ai commencé à tout planifier, donc le premier livre est vraiment (bruit de dégoût les deux ! Voilà, amusez-vous bien ! Et le troisième, je l’ai planifié dès le début (rires).
Question : Aviez-vous le concept et le nombre de factions avant de commencer à écrire ?
Réponse : je vais commencer par la deuxième question. J’ai choisi le nombre de faction et le concept derrière chaque faction avant, mais les Audacieux était la première car je ne sais pas, l’idée derrière les Audacieux viens d’un type de traitement pour l’anxiété et la phobie qui s’appelle la thérapie d’exposition où une personne est exposée de façon répétée à une chose qui lui fait peur jusqu’à ce qu’ils en aient peur à un niveau sain, ou à ce qu’ils n’en aient plus peur du tout. C’est de là que cela vient et le reste du monde a été construit autour de cela et cette partie a vraiment été bien établie puisque c’est la fondation du monde mais une grande partie des autres choses est apparue au fur et à mesure comme les Sans-Factions sont devenus une chose après que j’ai lu la première version. Donc voilà.
Question : je suis curieux concernant les noms que vous avez choisis? Est-ce qu’ils ont un symbolisme particulier ?
Réponse : Behindthename.com ! […] Je ne peux pas nommer mes personnages après des vraies personnes, c’est juste, c’est juste flippant. J’ai récemment décidé « Oh, je pourrais l’appeler Trévor » qui est en réalité mon beau-frère, qui est assis là-bas, et je me suis dit « Je ne peux pas faire ça ! C’est trop bizarre ! » et vous savez, je dois vraiment rencontrer moins de gens, j’imagine.